Mille ans d'Histoire... sur les chemins de l'avenir

La Vicomté de Turenne

La vicomté de Turenne était un vaste territoire couvrant dans sa plus grande extension au XVe siècle environ 100 000 habitants, répartis en 18 500 feux, 111 paroisses et 1 200 villages. Evoluant avec les siècles, il comprenait une grande partie du sud du Bas-Limousin (la Corrèze) jusqu’à la région de la Xaintrie, ainsi que le nord-est du Périgord (Dordogne) dans les alentours de Terrasson, et le nord du Quercy (Lot), comprenant notamment les villes de Martel et Saint-Céré.

Ce territoire était traversé par la route qui menait de Limoges à Toulouse et par le chemin des pèlerins en route vers le grand site Mariale de Rocamadour tout proche. La rivière Dordogne constituait aussi un axe de communication favorable aux échanges et au commerce. Elle a sans doute contribué à la diffusion d’idées nouvelles, telles que celles portées par les protestants pendant la Réforme au XVIe siècle.

Turenne et sa forteresse constituait ainsi un verrou contrôlant outre la route des pèlerins les transhumances du bétail entre les plateaux du Limousin et des grands causses du Quercy.

L’histoire du Château et de la vicomté de Turenne

Dernier grand fief indépendant au cœur du royaume de France, la Vicomté était un territoire jouissant d’une grande autonomie jusqu’en 1738, date de sa vente à Louis XV.

Le « castrum » de Turenne est cité pour la première fois dans les textes en 767 quand il est attaqué, pris et donné par Pépin le Bref à Immon, premier comte de Quercy. Il s’agissait alors sans doute d’un camp Carolingien en bois situé sur une des collines alentours. Mais c’est en 823 qu’apparaissent les premiers vicomtes de Turenne qui administrent le territoire.

Ce serait Archambaud « Jambe Pourrie », titulaire de la vicomté de Comborn, qui aurait pris possession du territoire et placé le château sur sa butte actuel à la fin du Xe siècle ou bien peut-être son petit-fils Guillaume Ier, dans la première moitié du XIe siècle. Cela fait donc bien 1000 ans d’histoire pour ce monument.

Devenu un véritable État féodal à la suite des Croisades ou les Comborn s’illustrèrent et profitant de l’affrontement entre Capétiens et Plantagenets,  Turenne devient un des plus grands fiefs de France au XIVe siècle. La vicomté jouit entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle d’une grande autonomie. Les vicomtes sont tenus à un simple hommage d’honneur envers le Roi de France. Ils sont exemptés de l’impôt royal, et gouvernent en véritables souverains : ils réunissent leurs Etats, lèvent leur propre impôt, battent monnaie pendant plusieurs siècles, anoblissent, peuvent lever leur propre armée. La vicomté forme ainsi un véritable État dans l’État.

Les vicomtes de Turenne

Quatre familles se succèdent au titre prestigieux de Vicomte de Turenne et gouvernent la Vicomté :

Les Comborn du IXe siècle jusqu’à la fin du XIIIe siècle.

Les Comminges pendant la première moitié du XIVe siècle qui la vendirent au Pape Clément VI issu de la famille des Roger de Beaufort.

Les Roger de Beaufort pendant près d’un siècle.

En 1444, la vicomté devient par mariage la possession de la famille La Tour d’Auvergne. Henri, Maréchal de France, est coreligionnaire et compagnon d’armes du Roi Henri IV. Il devient duc de Bouillon et prince de Sedan. Son fils cadet Henri qui hérite du titre devient un des plus grands Maréchal de France sous le surnom de « Grand Turenne ».

Entre le XVIe et le XVIIe siècle, la vicomté flirte avec la Réforme et le calvinisme, sans doute propagés par les bateliers de la Dordogne, qui se diffusent dans la région. En 1575, après la Saint-Barthélemy, Henri de La Tour s’engage aux côtés d’Henri de Navarre et la forteresse devient temporairement une place forte protestante pendant les guerres de Religion. En 1650, la princesse de Condé, en fuite, y trouva refuge, faisant de cette « semaine folle » le seul évènement marquant de la Fronde en Limousin.

La famille de La Tour d’Auvergne étant également Duc de Bouillon et Prince de Sedan vivait dans l’Est de la France et ne venait que rarement à Turenne. Ainsi le Grand Turenne qui portera le titre ne viendra que deux fois à Turenne tout occupé qu’il était à la grandeur du royaume. N’en attendant que les revenus des impôts par ailleurs bien plus modestes que ceux du royaume, ils laissaient l’administration du territoire s’organiser autour des « Etats » forme de gestion pré-démocratique dans les grandes cités de la Vicomté (Martel, Beaulieu, etc…).

La chute de la Vicomté

Le 8 mai 1738, La Vicomté est vendue à Louis XV pour rembourser de lourdes dettes de jeu de Charles-Godefroy, le dernier Vicomte de Turenne. Ainsi prend fin la grande autonomie voir la quasi-indépendance du dernier grand fief français. Les viscomtins, devenus brutalement sujets de Louis XV, sont contraints à l’impôt et sont en partie ruinés. S’éteint alors un fameux dicton de la région « Heureux comme un viscomtin ».

Louis XV ordonne le démantèlement rapide de la forteresse, trop content de se débarrasser de ce foyer de résistance à son pouvoir absolu, terreau d’idées nouvelles. L’ensemble des bâtiments sont détruits à l’exception de la Tour César et du Donjon qui sera quand même amputé d’un niveau, symbole du rabaissement de la puissance du lieu. Les corps de bâtiment détruits autour de la cour médiévale ont laissé place à un magnifique jardin suspendu.

Le Château de Turenne aujourd’hui

Le Château est depuis 2023 la propriété d’un Broglie, autre grande famille, qui a dans ses ascendants directs pas moins de trois Maréchaux. Cela fait de Turenne un des châteaux les plus « Bâtonné » de France.

Le nouveau propriétaire l’a entièrement ouvert au public et a décidé de redonner vie à la belle endormie, en ouvrant des pièces, terrasses et espaces, jusque-là fermées au public, donc la magnifique « salle du trésor » avec ses dix mètres d’élévation et la terrasse Sud, véritable balcon sur le Quercy.

Pour profiter du magnifique jardin suspendu du château, mélange de minéral et de végétal dont les terrasses offrent des vues spectaculaires, un Kiosque Gourmand, permet de déguster des plats simples et savoureux ou une pause rafraîchissante avec des produits locaux et responsables.

La nouvelle équipe du château a enfin conçu un projet de grandes expositions visant à créer un lien entre passé et avenir : le projet « Turenne, mille ans d’histoire… sur les chemins de l’Avenir ». Une nouvelle page de l’histoire de ce site hors norme s’ouvre donc aujourd’hui.

La Semaine Folle un rendez-vous incontournable à Turenne. Il fait référence à un épisode de la Fronde qui s’est déroulé à Turenne en 1650. Il propose chaque année entre 16 au 22 Mai des événements festifs et originaux.

Enfin, le château de Turenne d’aujourd’hui, c’est aussi de grandes expositions sur des thèmes stimulant notre réflexion sur l’avenir. L’équipe vous propose cette année une exposition d’images spectaculaires de l’artiste Christophe Labarde entièrement réalisées au moyen d’une intelligence artificielle. Un résultat spectaculaire qui pose des questions vertigineuses sur l’avenir de l’art et de la création.

L’exposition est accompagnée d’un film, de deux conférences/tables rondes avec l’artiste les 28 et 30 juillet qui seront disponibles en Podcast sur la radio Vivre FM et un d’un portfolio dans le magazine Épatant en vente à la boutique du château.